Barrelet, Grossenbacher, Mancuso : La famille face à l’hospitalisation psychiatrique Texte extrait du site de l’Institut de la Famille Genève, avec autorisation des auteurs

La famille face à l’hospitalisation psychiatrique

Auteurs
Dr L.F. Barrelet, P.D., médecin-chef, Dr O. Strasser, chef de clinique,
M. B. Grossenbacher, infirmier chef adjoint, Mme M. Mancuso, cheffe infirmière d’unité
Clinique de Psychiatrie - Hôpital psychiatrique cantonal - 2017 Perreux - Suisse

Confrontée à l’hôpital psychiatrique, la famille a souvent oscillé entre deux positions : centrifuge et centripète. L’analyse du phénomène dans sa dimension historique, que nous ne sommes pas en mesure de détailler ici, permettrait de dégager certaines constantes. Une première attente, centrifuge, amène le système familial à évacuer le patient vers le système de soins et à l’y maintenir avec la connivence de l’équipe hospitalière, au prix d’une intolérance à la différence. D’un autre côté, le même système familial manifeste une inaptitude « centripète » à s’affilier au système de soins hospitaliers. L’hôpital est alors défini comme un lieu d’abolition de la liberté individuelle et de répression des différences. Le film de Ken Russel, Family life, a donné un portrait caricatural et tout à fait dérangeant de ces deux positions de la famille.

Le système de soins psychiatriques, notamment ses volets hospitaliers et institutionnels, influencé par les familles et par le prolongement de leurs attentes à un niveau social plus global, a fondé sa pratique sur une idéologie en parallèle :

 soit il a le plus souvent exclu la famille. Refusant ou limitant à un minimum le contact avec celle-ci, il a confiné le patient à l’asile, sous haute surveillance, ou bien l’a investi jalousement dans un traitement individuel sans fin.

 soit il a refusé d’accueillir ce même patient et l’a entièrement laissé à la famille ou à lui-même. Il a soutenu que celui-ci était incapable de se conformer aux règles institutionnelles et donc de bénéficier de ce cadre. Cette attitude a été mise en pratique, suivant les époques, pour de nombreux patients tels que par exemple les alcooliques, toxicomanes, bipolaires (type II) souvent dénommés "borderline", etc.
Ces positions extrêmes sont sans doute abstraites et théoriques. Concrètement, la plupart du temps, les familles et les systèmes de soins ont mis en oeuvre leurs ressources pour négocier une rencontre fructueuse et productive, en procédant par essais et erreurs. Durant les deux…

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