Chapellon : Éloge du mensonge Qu’est-ce que tromper pourrait dire ?

Le mensonge fait figure d’épouvantail pour les familles ou les structures pour l’enfance dont il arrive qu’il perturbe le fonctionnement. Aussi nuisant qu’il paraisse, il est néanmoins un facteur d’espoir, en permettant aux jeunes d’adresser une difficulté existentielle à leur entourage. Le problème qu’il pose est révélateur de celui qu’ils ne peuvent « dire » autrement qu’en trompant ceux qu’ils aiment. Ce texte interroge le sens et la fonction de ce mode de communication méconnu, avec l’hypothèse que la manière avec laquelle il parasite le lien et sème parfois la zizanie dans les couples ou les groupes signale une détresse issue de leurs propres dysfonctionnements.

Éloge du mensonge Qu’est-ce que tromper, Pourrait dire ?

par Sébastien Chapellon

 [1]

Pour citer cet article : Revue Enfances&PSY 2011/4 n°53 p. 48-56

« Mon enfant ment effrontément ! » Nombreux sont les parents qui viennent consulter un ou une psychologue sur ce motif. Dire qu’un « enfant ment » est cependant péjorativement coloré. Cela évoque de plus une intentionnalité qui paraît saugrenue, au regard des apports psychanalytiques concernant l’écoute du matériel inconscient fourni par la parole. L’usage de ce terme proviendrait donc d’une appréhension à la fois simpliste et moraliste, comportant l’idée d’une suspicion qui saperait de façon malsaine la confiance portée à l’enfant. La vérité sortirait-elle toujours pour autant de sa bouche ?

Il s’agit, pour nous, non pas de discréditer sa parole, mais d’essayer d’entendre ce qu’il dit en mentant. Nous ferons l’hypothèse que cette volonté de tromper qui caractérise le mensonge, matérialise un mal-être d’abord énigmatique. Il s’agira d’y entendre un appel de détresse silencieux, à partir de ses effets, et en tant que ces derniers représentent l’écho de ce que le sujet ne peut ni dire ni penser.

MYTHOMANIE ET AUTRES FABLES THÉORIQUES

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