COMMENTAIRES A L’ETUDE DE CAS DU PETIT JEAN.
ISOMORHISME ET CHANGEMENT [1]
par E.Dessoy.
Le début du traitement institutionnel du petit Jean a mis évidence l’importance de l’ambiance et l’opportunité offerte au thérapeute de modifier une dimension aussi évanescente en provoquant des changements surprenants. Elle a permis aussi de cerner la manière dont l’institution répète une partie essentielle de l’organisation familiale - celle précisément qui maintient le patient dans son état de malade -, répétition dont la notion d’isomorphisme rend compte.
Sous le couvert d’une simple étude de cas, l’histoire du petit Jean décrit un modèle généralisable à bien d’autres situations. Les commentaires de ce chapitre l’explicitent davantage en soulignant les étapes de la démarche qui conduit à la description d’un diagnostic psycho-sociétal liant le patient, sa famille et son institution.
Cette première démarche est le prélude d’une autre : une action thérapeutique en prise avec le diagnostic psycho-sociétal. Nous la construirons plus loin dans le syllabus en nous aidant du concept de rite de passage.
1. L’ORGANISATION DE LA FAMILLE DU PETIT JEAN.
1.1 De l’importance de l’ambiance dans la conduite d’un entretien.
Au début du premier entretien familial, l’ambiance est froide et le contact distancié. La femme prend toute la place et le mari s’installe à une certaine distance d’elle dans une position de figurant. Nous nous demandons comment modifier l’atmosphère de telle façon qu’une proximité puisse aussi se vivre. La mère résiste à collaborer, à répondre à nos propositions et le père ne dit rien ; il donne la consigne implicite que sa femme est la seule interlocutrice valable.
Un subterfuge, suggéré par les habits des parents, parvient néanmoins à amorcer un changement de climat. Lorsque les parents se mobilisent et montrent à la thérapeute leurs souhaits vis-à-vis des éducateurs, ce n’est pas en tant que parents qu’ils le font, mais sous le déguisement…