Chapitre 16. Du livre"malades et familles" édité en 1997 avec Mme Celis-Gennart par les éditions Médecine et Hygiène, avec l’autorisation expresse des auteurs .
MALADIE ET COMPETENCE PARENTALE.
1. Introduction.
En choisissant de développer le problème de la relation entre la maladie et la fonction parentale, nous nous proposons d’éclairer les deux questions suivantes :
1) En quel sens l’événement que constitue la maladie est-il à même de transformer le patient dans les différents aspects de son existence psychologiques, relationnels, sociaux... - et comment se répercute-t-il, tout particulièrement, sur l’attitude et les compétences du patient exerçant une fonction parentale ?
2) Comment la maladie d’un parent agit-elle sur l’existence de l’enfant ? En quel sens peut-elle influencer sa sensibilité et modifier son comportement ?
Pour permettre au lecteur d’apercevoir d’emblée l’enjeu de telles questions, nous commencerons par présenter un cas clinique, dont nous commenterons les moments les plus significatifs dans la suite de notre exposé. Le cas auquel nous allons nous référer, celui de Madame Rossini, illustre la difficulté qu’il y a à gérer son rôle de parent tout en étant atteint d’une maladie grave. Ce cas montre également comment la réorganisation des relations intrafamiliales que la maladie induit peut entraver le mouvement par lequel les patients, une fois guéris, s’efforcent de reprendre la place qui leur revient dans la famille ainsi que le rôle que la maladie les a empêchés d’assumer pendant un certain temps.
2. Exemple clinique.
2.1. Situation familiale et motif de la thérapie.
La famille Rossini, d’origine italienne, a été envoyée dans notre Centre par son médecin traitant. C’est un collègue avec qui nous eûmes souvent l’occasion de collaborer efficacement. Ce médecin connaissait la famille depuis de nombreuses années. Le médecin et le couple étaient même devenus amis, surtout après que le praticien se fût engagé avec sollicitude, compétence et abnégation à soigner Madame Rossini, dès le moment où elle eût reçu le diagnostic d’une affection tumorale qui, d’ordinaire, réagit bien au traitement chimiothérapique, si elle est diagnostiquée et traitée dans sa phase précoce. On considère qu’en cas d’absence de récidive après 5 ans, les patients sont guéris.
Lorsque nous avons pris en charge la famille Rossini, Madame était considérée comme guérie depuis quelques années. La demande de son médecin était motivée par la répétition de problèmes comportementaux présentés par les enfants : Elisa, 18 ans, et Claudio, 15 ans. La situation de ce dernier était devenue problématique ; il fumait du hachisch et voulait abandonner sa formation professionnelle en raison de résultats très décevants. Elisa, elle aussi, se trouvait en difficulté dans une carrière scolaire médiocre. De plus, comme sa mère s’en était aperçue, elle volait de l’argent de son porte-monnaie et volait aussi de temps en temps en dehors de la maison. Nous avons engagé avec la famille Rossini un traitement familial, répondant en cela à la demande du médecin qui, après avoir soigné la mère, souhaitait voir la famille heureuse.
2.2. Les familles…