Compte rendu de l’année 2007. Marc Melen
Au cours de cette journée de travail (2007), trois thèmes se sont dégagés.
Cadre et contexte
Les processus thérapeutiques
Les outils thérapeutiques
Cadre et contexte
La principale question ici est de savoir comment articuler le cadre thérapeutique/d’intervention et le contexte dans lequel il s’inscrit. Autrement dit comment installer un cadre thérapeutique ou d’intervention dans différents contextes ? Un corollaire essentiel ici est celui de la demande : quelle est la demande ou bien quelles sont les demandes (car il peut y en avoir plusieurs et parfois contradictoires) ? S’agit de travailler sous contrainte ou sous semi-contrainte, ou contraire s’agit-il d’une émarche volontaire. Un autre aspect de la question concerne le lieu : comment organiser l’entretien selon qu’il a lieu en institution, au domicile, dans un cabinet privé, etc.
Dans cette réflexion, le thérapeute ou l’intervenant ne doit pas oublier de réfléchir à sa position, à ce qui le conduit à penser le cadre de telle ou telle manière ou au contraire à ne fixer aucun cadre, à ce qui l’amène à sortir du cadre. En somme, il s’agit d’établir un cadre cohérent avec soi-même en tenant compte de diverses contraintes. Il faut également cerner les limites du cadre dans lequel on travaille : on ne peut pas tout aborder dans tous les cadres. Enfin, il convient de réfléchir aux objectifs que l’on peut se fixer pour savoir quand s’arrêter ou quand évoluer vers autre chose.
Lectures déjà conseillées : Seron et Wittezaele (L’aide sous contrainte, De Boeck), Trappeniers et Boyer(Psychothérapie du lien couple, famille, institution, Eres), Meynkens (Dans le dédale des thérapies familiales, Eres. 1er chapitre). Le livre de Trappeniers et Boyer ne fournit guère d’indications pratiques mais il amène à réfléchir sur les liens qui peuvent exister entre le cadre que l’on pose et son histoire familiale, conjugale, institutionnelle.
Divers articles du site peuvent également aider : voir les documents issus du site de l’IDRES ici annexés (de considérations.pdf à thdebut.pdf), voir également le concept de différenciation (Bowen). Sont également intéressants les articles du site collaboratif consacrés aux notions de résonance et d’isomorphisme.
Membres du groupe "cadre et contexte" : Christelle Froidecoeur, Anne-Catherine Coomans, Mélanie, Lorraine Balaes, Vanessa Borsetto, Geneviève Renglet.
Les processus thérapeutiques
La question principale ici est de savoir ce qui est thérapeutique dans une psychothérapie. Plus exactement, de savoir ce qui dans telle ou telle approche structure le processus thérapeutique. En fonction du modèle théorique, le processus thérapeutique varie. Entre une prescription des tâches inspirée par l’approche de l’école de Milan (voir le DVD de Mara Selvini) et une exploration métaphorique des difficultés rencontrées par un individu, un couple ou une famille (voir le DVD de Pierre Caillé), il n’y a guère de points communs en apparence. Et pourtant ... En fait, points communs et spécificités coexistent. Seule la confrontation des modèles permettra de faire le point. Le groupe qui travaille sur cette question a choisi de centré sa réflexion sur deux approches, celle de thérapie contextuelle de Boszormenyi-Nagi et celle de la thérapie narrative.
Lectures déjà conseillées : Pierre Michard (La thérapie contextuelle de Boszormenyi-Nagi, De Boeck), Kenneth Gergen (Construire la réalité. Un nouvel avenir pour la psychothérapie, Seuil).
Divers artciles du site peuvent également aider : les travaux réalisés l’année dernière concernant la question de la modélisation seront précieux. Voir aussi un article consacré à un survol de différents modèles théoriques article 50. L’approche contextuelle et l’approche narrative (ou du constructionnisme social (article 93)) ont été abordés l’année dernière et ont fait l’objet de divers articles. Pour enrichir, ce qui a déjà été produit, le groupe de cette année mettra davantage l’accent sur les processus thérapeutiques en oeuvre dans les diverses approches plutôt que de résumer les différents modèles (Thérapies Familiales et psychiatrie par Dr J. Miermont).
Dans cette réflexion, il conviendra de se souvenir qu’en psychothérapie, il ne saurait être question d’"appliquer" une théorie, quelle qu’elle soit. Il faut sans cesse "réinventer" la théorie acquise à travers les livres ou autres sources. D’une part, la lecture des ouvrages ne permet pas d’anticiper l’ensemble des cas que l’on est susceptible de rencontrer. D’autre part, le savoir théorique ne suffit pas, il doit être réexaminé à la lumière du savoir d’expérience (Le savoir d’expérience)afin d’être pleinement présent à ce qui se passe dans l’ici et maintenant et non d’essayer de "plaquer" une théorie générale sur un cas particulier.
Membres du groupe "processus thérapeutiques" : Mélanie Vanbellinghen, Céline, Claire Périlleux, Jérôme Stasse, Martine Grooten, Valérie Warnotte, Claudine Varadero, Isabelle Saerens, Josline Crutzen
Les outils thérapeutiques
Les outils sont un des éléments du processus thérapeutique. Au cours de son travail, le thérapeute est souvent amené à se demander comment il pourrait travailler telle ou telle dimension, à l’aide de quel support aborder telle ou telle problématique, comment faciliter l’élaboration à propos d’une thématique, etc ? Dans cette réflexion, la tentation est grande, chez les thérapeutes débutants et même chez les plus aguerris lorsqu’ils se sentent en difficulté, de se tourner vers l’utilisation gadget d’un outil thérapeutique. Par exemple, parce qu’il a l’impression que les séances tournent en rond, le thérapeute peut être tenté de recourir à tel ou tel outil, un peu comme on sort un joker. C’est oublié qu’il n’existe aucun outil thérapeutique par nature. La réflexion concernant les outils thérapeutiques ne saurait être dissociée de la réflexion concernant la place du thérapeute dans le système thérapeutique. Le premier outil du thérapeute, c’est lui-même, dans ce qu’il est, dans ces gestes, dans sa présence à l’autre. Ce qui est thérapeutique, c’est la relation établie entre le système qui consulte et le système qui est consulté, c’est la rencontre. Les outils viennent en appui de cette rencontre. A chacun d’adapter les outils en fonction de ses résonnances, de réfléchir aux isomorphismes (Beaujean : Quelle place pour la théorie en formation systémique ?).
Moyennant, ces précautions, il a paru intéressant de réfléchir en particulier aux objets flottants de Caillé et Rey, d’une part et aux "OMNIA" et aux TACT de J.-C. Benoît, d’autre part.
Lectures déjà conseillées : Caillé (Les objets flottants, Editions Fabert + DVD concernant le symbolisme), J.-C. Benoît (Schizophrénies au quotidien, Eres), Carole Gammers (La voix de l’enfant en thérapie familiale, Erès)
Divers artciles du site peuvent également aider :
(Caillé : Le symbolique dans le quotidien. Son importance en thérapie comme ailleurs), (Schizophrénies au quotidien).
Membres du groupe "outils thérapeutiques" : Emmanuel, Cécile Paesmans, Carine Julemont, Céline, Stéphanie Merkelbach
Compte rendu de l’année dernière : 26 janvier 2006. Isabelle Neirynck
Groupe "Modélisation"
Un texte de base est disponible sur le site collaboratif, qui décrit les différents modèles théoriques systémiques : article 50. Plusieurs de ces modèles doivent encore être décrits.
La notion de modélisation reste à définir et discuter. Pour aider cette réflexion :
- visionner les DVD de Selvini et Benoit
- lire l’article sur les modèles de Prigogyne et Elkaïm
Plusieurs pistes de réflexion sont évoquées :
- Réfléchir la façon dont les différents auteurs pensent la formation des thérapeutes : est-il nécessaire ou pas de devoir faire un travail sur soi ? Les psychanalystes par exemple pensent l’analyse personnelle puis didactique incontournables pour former un psychanalyste. Bowen demandait un an de travail sur soi et sa propre famille avant d’entamer le travail avec les consultants. La formation s’apparente-t-elle à un formatage en bonne et due forme ou doit-elle laisser libre cours à la spontanéïté du thérapeute ?
- Le concept de différenciation (Bowen) est utile pour réfléchir sur la position de l’intervenant dans le fonctionnement de l’équipe : comment être soi-même sans être exclu ? qu’en est-il de l’autonomie des thérapeutes ? de celle des patients ? des ruptures dans le processus de différenciation ? Faire des liens avec Bolwby et son concept d’attachement, d’angoisse de séparation.(voir aussi Bolwby.
- Etablir des liens avec les concepts de loyauté et de parentification.
- Réfléchir à l’actualisation de certains de ces modèles élaborés dans un autre cadre historico-culturel que le nôtre actuellement : ainsi qu’en est-il de l’application des théories de Minuchin par exemple pour les familles recomposées ? peut-on relire son modèle en termes d’approche pédagogique (cf crise) ? faut-il encore recourir à la restructuration ? que penser de la politique de confrontation directe avec le symptôme ? de la technique de l’injonction directe (Erickson) source de changement (les choses se sont-elles arrangées pour autant ?)
- Le terme coaching (dans le texte) n’est pas approprié : faire la différence.
- Réfléchir sur comment les idées des auteurs sont transmises : le processus de communication d’idées nouvelles par des pionniers comporte souvent une amplification des découvertes qui affecte la passation des idées dans la sens d’une déformation parfois préjudiciable. Par exemple : comment est réellement comprise l’idée de Whitaker présentée dans son texte "De la théorie comme gêne pour la pratique" (ce n’est nullement de se passer purement de théorie) ?. Même question pour Watzlawick.
Groupe "Contexte"
Un texte de base Isomorphisme est disponible sur le site. La réflexion du groupe part de l’idée de la demande, qui s’exprime dans tel ou tel contexte professionnel (pourquoi dans un SSM ou au SAJ etc), et les participants ont décidé de partir de leur situation professionnelle pour illustrer les deux concepts (Il manque deux des exemples).
Il serait bénéfique de ne pas se centrer trop sur l’isomorphisme et de retravailler en commun et à travers l’ensemble des exemples la notion de contexte, entre autres
- dans ses liens avec le défaut de modèle théorique dans l’analyse des contextes ou des demandes
- reprendre les exemples donnés en modélisant les paramètres en jeu
- retravailler l’association erronée de la contrainte judiciaire à la contrainte de la famille (voir dans le texte)
Lectures utiles :
- lire le texte du Dr F. Balta Les contextes par le Dr François Balta
- lire "Les phares du thérapeute" de J. Miermont (sur les conceptions de l’organisation des soins et comment l’intervenant peut en faire qq chose d’évolutif)
Groupe "Individu"
Deux projets de textes sont disponibles sur le site : article 55 et L’analyse de la demande afin de décider de l’indication d’un entretien individuel ou familial..
Le sujet s’est avéré difficile à délimiter. Après discussion, le travail du groupe se centrera sur le thème de "Comment travailler avec une personne - en individuel - sur le modèle systémique". Comme point de départ, partir des modes opératoires des thérapies systémiques : quelles techniques sont utilisées dans les thérapies individuelles ? Comment le thérapeute peut-il se positionner pour ne pas créer de dépendance ? Le thérapeute utilisera-t-il les ressources nécessaires et disponibles ?
Puis la réflexion peut s’élargir aux autres personnes (travail avec les fratries par exemple).
Les lectures suivantes sont conseillées :
- "Approche individuelle et relationnelle du deuil" de Vannotti M et Pereira R.
- "L’individu et son réseau" de Lacroix
- "Relation et appartenance" de Neuburger
- l’abécédaire systémique
Pour tous : lire "Hommage à S Hirsch : la confrontation des modèles" de J. Miermont