L’enfant et l’hôpital, un espace-temps à l’épreuve de l’humanisation
Yves-Hiram Haesevoets*
Argument : hospice, hôtel, hospital, hôpital,... évolution d’un concept
Comme espace-temps institutionnalisé, l’hôpital n’a pas toujours été un lieu d’hospitalité, d’accueil, de protection, de soins ou de convivialité. A l’image de la société dans lequel il est bâtit, l’hôpital connaît de nombreuses épreuves, traversant des périodes d’obscurantisme et de lumière.
Révélatrices des temps obscurs et des crises sociales, la mise à l’écart des malades, répond à des croyances où la misère, l’angoisse, la violence, l’incertitude, l’ignorance et la souffrance dominent le monde. Depuis sa création au bas Moyen Age, l’institution hospitalière a évolué et s’est adaptée aux contingences relatives aux nombreux changements sociétaux et culturels. Selon les époques, son concept a recouvert différentes significations. L’étymologie d’un mot lui restitue une signification fondamentale et montre à quel point le concept contient intrinsèquement son véritable sens.
Ainsi, « hôpital » (XIIème siècle, ospital) est un terme emprunté au latin tardif hospitalis (domus) qui désigne un « lieu de refuge, d’accueil », en concurrence avec l’ancien français de ostel (hôtel), pour désigner un lieu d’accueil, généralement dépendant d’un monastère, où l’on soigne et reçoit malades, pauvres, vieillards.
Le terme Hôpital n’a été distingué de hospice qu’à partir du XVIIIème siècle. Hospitalier (XIIème siècle), emprunté au latin médiéval hospitalarius, dérivé du latin tardif hospitale, de hospitalis , « de l’hôte », désigne d’abord en français un religieux de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, spécialisé dans les soins aux malades. Hospitalité (XIIIème siècle), emprunté au latin hospitalitas « hospitalité », d’où proviennent hospitaliser, hospitalisation , formations savantes du XIXème siècle.
Au service d’une théocratie absolue et obscurantiste, l’institution hospitalière se retrouve entre les mains d’une Eglise omnipotente qui tente de gérer un mal pour un bien.
Médecine et Eglise ne font pas bon ménage. Sur fond d’incompréhension, de superstition et de peur, la maladie relève du mystère, son traitement de la sorcellerie. Un climat de méfiance et de diabolisation entoure les malades. La médecine relève pourtant des défis depuis l’Antiquité mais les inquisiteurs et les intégristes médiévaux y perçoivent une concurrence qu’ils qualifient d’hérésie ou de blasphème.
Entre le Moyen Age et l’époque contemporaine, l’évolution du monde hospitalier va connaître diverses péripéties et de nombreux bouleversements. A partir du moment où l’influence de la foi religieuse, des superstitions et des fausses croyances décroît progressivement, le champ de la médecine hospitalière connaît un essor de plus en plus affirmé.
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les connaissances médicales, la pédiatrie et les traitements pédiatriques en particulier, ont fait des progrès considérables. Les maladies infectieuses et les négligences graves, responsables d’une large partie de la mortalité infantile, y compris intra-hospitalière, sont mieux reconnues et traitées de manière efficace.
L’apparition des antibiotiques, la prophylaxie obligatoire
les campagnes de vaccination, le dépistage des maladies métaboliques et endocriniennes, la recherche des maladies héréditaires,... diminuent fortement le taux de mortalité infantile.
Les mesures sociosanitaires visant à l’amélioration des conditions de vie ont aussi contribué à réduire la survenue et la gravité des maladies infantiles.
Les progrès de la réanimation vont permettre de sauver de nombreux nourrissons en détresse respiratoire. La chirurgie pédiatrique, soutenue par la recherche en anesthésie et en chimiothérapie, va connaître un élan considérable. Les personnels soignants, y compris les médecins, sont de mieux en mieux formés dans le champ de la pédiatrie.
La pédiatrisation de la médecine devient une spécialité à part entière. Au XXème siècle, la pédiatrie moderne est constituée de spécialités pédiatriques dans tous les domaines de la médecine. Les hôpitaux pédiatriques et les unités de pédiatrie, en particulier universitaires, développent des services hautement spécialisés.
Autour du foetus, du nouveau-né, du nourrisson et de l’enfant, la pluridisciplinarité des services pédiatriques est désormais incontournable. Il n’est pas rare de voir se pencher sur un même cas, l’obstétricien, le généticien, le…