LA FORCE CONVOCATRICE DES FAMILLES Guillaumot, Ph., Corvest, K., Diot, A., Mirland, M.-N., Dyan, A., & Deyries, J.-F. (2009). In M. Delage et A. Lejeune (eds, pp. 35-63), La résilience de la personne âgée, un concept novateur pour prendre en soin la dépendance et la maladie d’Alzheimer. Solal, Paris.

Dr GUILLAUMOT Philippe, Psychiatre, Responsable du pôle

Dr CORVEST Karina, Dr DIOT Alexandre, Dr MIRLAND Marie-Nöelle, Psychiatres en formation

Dr DYAN, Dr DEYRIES, Gériatres

Pôle de Gérontopsychiatrie du Centre Hospitalier des Pyrénées (Pau)

Notre objectif est bien de parler de la place de la Gérontopsychiatrie dans le réseau pour favoriser la résilience des personnes âgées démentes et leurs familles face à la maladie d’Alzheimer vécue comme un traumatisme. A regarder en arrière depuis la création de notre équipe, en 1987, il est apparu que le titre « force convocatrice des familles » était sûrement un bon fil conducteur de ce qu’elles nous ont fait imaginer et mettre en place pour les aider.

Ce terme, appartient spécifiquement « aux Cliniques de Concertation » qui sont des approches contextuelles thérapeutiques de réseau [1] .

« Face aux individus, aux familles en détresses multiples et aux cas complexes, les acteurs de la clinique de concertation soulignent à quel point les intervenants de l’aide, du soin, de l’éducation et du contrôle, sont déconcertés, perplexes, épuisés. Ils se disent aussi déprofessionnalisés, dépersonnalisés, déchirés, démembrés et écartelés. Ainsi, les frontières entre services, institutions, associations, s’estompent, celles des professions sont mises à mal. Les familles en détresses multiples, les cas complexes nous convoquent dans des champs de recouvrement pluridisciplinaire et pluriinstitutionnel qu’ils fréquentent plus souvent et connaissent mieux que nous. Pour éviter consternation et lamentation, l’approche des cliniques de concertation propose une alternative à ces deux écueils. Elle met au travail une hypothèse fragile qui s’est révélée productive : ce que nous qualifions parfois de chaos ou de manipulation malveillante contient des éléments méthodologiques novateurs qui peuvent, si nous en prenons soin, enrichir ou créer le travail thérapeutique de réseau ».

Le génosociogramme ci-joint nous montre bien la multiplicité des intervenants autour d’un patient Alzheimer et de sa famille. On retrouve bien les intervenants de l’aide, du soin, du travail social, parfois du contrôle dans les questions de violence intrafamiliale.

Dans ce domaine très nouveau, d’accompagnement, d’aide et de soutien aux patients et leurs familles, dans ce domaine de la résilience familiale, on entend souvent émerger la notion de familles résistantes à nos bons soins ou aux filières « obligatoirement utiles » que nous leur proposons.

N’est-ce pas souvent parce que nous ne savons pas faire ou que nous n’avons pas encore imaginé ce qu’il faudrait faire, que ce sentiment émerge parmi les équipes d’acteurs, sans prendre suffisamment en compte le fait que nous sommes dans un domaine saturé d’inconnues et d’incertitudes et qu’il faut que nous acceptions de nous déspécifier.

Tout se passe comme s’il était évident, que les familles doivent et sachent déposer une demande d’aide spécifique et limitée auprès de chacun de nos services et spécialités. Comme si notre offre d’aide ou de soins était forcément claire, très délimitée et donc devait s’imposer.

Mais cela ne se passe pas ainsi. Les familles choisissent un « guichet d’entrée », qui correspond à leur représentation de leur problème et elles y déposent des questions multiples, qui dépassent souvent la compétence du spécialiste choisi.

Le « jeu » actuel est de faire une réponse partielle et de les renvoyer, de les réorienter vers les autres spécialités. C’est une façon de faire qui les oblige à un cheminement complexe et à une répétition d’affiliation, parfois douloureuse, de même qu’à des clivages multiples des représentations non coordonnées entre les acteurs professionnels. On oublie souvent, le temps nécessaire pour les aider à adopter éventuellement notre optique et le motif de notre…

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