Cet article a pour but de présenter, de manière plus approfondie, l’approche théorique développée par Ivan Boszormenyi-Nagy. Il est néanmoins nécessaire de lire l’article présentant sa théorie préalablement à celui-ci.
Première partie : LES CANONS DE LA THEORIE
Chapitre 1 : Qu’est-ce que l’éthique relationnelle ?
Ivan Boszormenyi-Nagy a construit sa théorie sur base de l’œuvre de Martin Buber (dont l’idée centrale est « toute vie est rencontre ») suite à la concrétisation, dans le cadre des thérapies familiales, d’une écoute attentive du discours. Plus exactement, il s’agit davantage de provoquer, entre les partenaires de la famille, du discours et de l’écoute. Dans la thérapie contextuelle, il convient d’amener les partenaires à un effort de description (de la relation, du point de vue de celui qui accomplit mais aussi de celui qui reçoit,…). Il s’agit donc de faire parler les acteurs de la relation en tant qu’expert de leur propre point de vue subjectif.
D’emblée, nous remarquons que cette manière de travailler se base sur la conviction que la parole qui est amenée est digne de confiance et de fiabilité.
Quant au thérapeute, il soutient la personne dans sa tentative de formuler une description correcte et toujours plus concrète de sa réalité relationnelle. Par la suite, le thérapeute soutient davantage un effort commun de description (il s’agit alors du « parler ensemble ») afin de parvenir à un récit authentifié des faits relationnels (ce qui n’est pas nécessairement la réalité). Selon Nagy, chacun, lorsqu’il dévoile un discours personnel, a, comme intention officielle ou non, d’appeler à une « considération éthique », c’est-à-dire notamment à l’évaluation des droits suite aux événements qu’il vient de rapporter. Nous voyons dès lors que le centre de la question est la notion de justice qu’il y a au sein de chaque relation. L’éthique relationnelle peut être définie comme « la prise en compte de la réalité primordiale de l’équité dans une relation », comme « la responsabilité d’une personne vis-à-vis d’une autre, c’est le fait de prendre l’autre en compte ». La préoccupation pour l’équilibre relationnel permet de faire perdurer les relations intimes. Toutefois, cette préoccupation pour l’équité reste difficile, surtout dans le fait de donner (par opposition au fait de recevoir).
Chapitre 2 : La trame éthique du vivre ensemble
A. Le je-tu
Selon Nagy, il existe une règle universelle qui consiste en la justice des relations. C’est la raison pour laquelle les humains se sentent parfois obligés de donner, de rendre, de recevoir,…
Les relations, selon Nagy, sont fondées sur deux pôles : réciprocité et équité. Il doit y avoir un équilibre entre le donné et le reçu dans les relations. Un point de vue intéressant que développe Nagy suite à cette idée est celle de la raison pour laquelle les individus rendent. Selon lui, ce n’est pas parce qu’un individu ne peut supporter l’idée d’être en dette par rapport à l’autre qu’il rend, c’est pour que ce dernier se trouve, à son tour, en dette par rapport à lui. Dès lors, la réciprocité peut être conçue comme un endettement mutuel. Il est donc évident qu’une relation ne peut se construire que si les deux protagonistes de la relation se donnent la possibilité de rétribution équilibrée dans leurs échanges avec, une permutation des positions de débiteur et de créancier.
La notion de confiance est également un élément qui traverse le concept d’éthique relationnelle. En effet, « la clé de la dynamique relationnelle est la confiance méritée ». La confiance méritée est une confiance justement gagnée dans une relation par la réciprocité. Cette confiance acquise dans une relation permet aux protagonistes de supporter les moments de déséquilibre entre le donné et le reçu puisqu’ils savent prévoir de manière plus ou moins fiable le comportement de l’autre. En outre, l’existence d’une dette peut également être perçue comme une assurance de relation.
Ce qu’il est également important de souligner, c’est l’idée que, sur le long terme, dans les relations, il se construit un lien qualitatif entre deux individus. Ce lien (équilibré car traversé par l’éthique relationnelle) se trame entre deux individus qui ne sont pas interchangeables. Ce lien n’a de sens que dans cette relation précise et ne représente pas une valeur générale des individus.
Par contre, ce qui représente une valeur générale de l’individu et qui peut donc…