La vignette de savoir d’expérience, un outil pour développer la rencontre de soi avec l’autre

L’intervention du thérapeute est admise comme étant modificatrice du système et nombre de publications en traitent. Nous voudrions réfléchir à la part d’influence de la dimension personnelle du thérapeute comme élément inhérent de l’analyse du système en jeu.

Apprendre sur soi

Pour que le thérapeute puisse apprendre de son consultant, il faut qu’il sacrifie l’idée que c’est celui qui sait. Contextuellement, il est consulté pour son expertise de la compréhension de phénomènes soit-disant incompréhensibles.Mais pour rencontrer l’autre dans sa différence à soi, il faut pouvoir se rendre sensible à son écoute.

Quelle est l’action et la place que l’on se donne dans le système thérapeutique ? Comment l’appréhender et développer la connaissance de soi pour ce qui concerne son mode propre de résolution de la place du thérapeute dans le système ?

Le thérapeute véhicule irrémédiablement sa conception du monde, de la maladie, ses convictions quant aux buts d’une thérapie et sa conception de thérapeute de ce qu’il considère devoir faire avec la famille etc.... comment serait-il possible que nous parlions d’une situation à laquelle nous participons sans que nos descriptions ne soient entachées de nos propriétés personnelles ?

Pour exemples :

  • Si le thérapeute adopte un modèle normatif de la famille, ce qui déterminera un but thérapeutique défini, de type "aller dans telle ou telle direction" (approche structurale de Minuchin par exemple), il se montrera directif et engagé, assurera le pilotage de la situation à l’aide de techniques de type comportementales, soit, une position de "réparateur" (très "dedans").
  • si le thérapeute constitue son savoir au contact de la littérature, les connaissances théoriques contribueront à la formalisation du point de vue du thérapeute mais risque de l’écarter du client par le filtre de l’objectif centré sur une transmission de savoir (une conférence par exemple), définissant ainsi une position de "théoricien-chercheur" (très "dehors").
  • position pédagogique

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La position relationnelle d’ouverture à la connaissance apportée par autrui comporte des caractéristiques, des freins et des facilitateurs qui positionnent également chaque intervenant de façon idiosyncrasique : par exemple, le besoin de tout comprendre ou, au contrainte, la peur du savoir, les loyautés destructrices et le refus de l’autonomie, les résistances au changement.....De quelle part de curiosité et de conscience de ses limites le thérapeute faitil preuve ?

Prenons comme exemple :

  • Position de triangle et de rapport de force : dans le triangle thérapeute-patient(s)-science/savoir/formateur, si le savoir théorique peut induire une créativité, une alliance trop massive au seul savoir théorique - sans rétroaction du patient, conduira à un plaquage de la part de l’intervenant (peut également être le fait du patient) qui imposera une représentation hors contexte et la maintiendra contre vents et marées de peur de s(auto-)disqualifier.
  • Position de défense narcissique : l’art de "tourner en rond"
  • Position de dégagement : relation d’organisation apprenante réciproque. Attitude de l’engagement confortable : le comment s’associer au système demandeur ; le savoir est émergent avec le client . Le modèle de changement positif est construit individuellement pr chaque famille = famille libre de construire ses propres buts Nécessite de vérifier le feed-back (via le patient). Participant du processus, interactivité partagée, échange de ressources -

Si le thérapeute considère le consultant comme ayant des compétences, il doit accepter de "se laisser travailler" par lui, accepter que le client soit en quelque sorte son thérapeute.
Ceci demande la souplesse de pouvoir "tomber, plonger dans l’isomorphisme", réfléchir sur ses résonances, se faire complice du mode de fonctionnement du client qui est aussi le sien, en accepter les dédales...puis être capable de se reprendre, de s’en sortir.
Un moyen de se sortir de l’impasse co-construite avec le consultant sera pour le thérapeute, de lui partager son désarroi, son impuissance.
Ce constat et son partage permettront que quelque chose se passe dans la rencontre, au niveau de la thérapie du thérapeute, dans une reconnaissance de ses dépendances qui favorisera son autonomie, qui l’aidera à se distancier, à décaler.
Ce n’est qu’à ce moment-là que le thérapeute sera à même de rédiger une vignette de savoir d’expérience reflétant la conscience qu’il a eu de "plonger" et celle qu’il a eue de "s’en sortir".
A travers la rencontre avec l’autre, le thérapeute peut se rencontrer lui-même, dans la possibilité ou non de faire émerger une métacommunication. Ceci permettra alors l’émergence d’une vignette de savoir d’expérience, positionnant le thérapeute comme un apprenant.

Le thérapeute est également inséré dans un contexte institutionnel qui surdétermine l’approche du système (via le modèle déclaré adéquat) ; le théapeute s’affilie au fonctionnement se son institution, car il est homéostatique pour lui.

Pour exemple :

  • une institution qui bannit la distance, la rationnalité et qui promeut l’humain, la chaleur, l’affect mène à une approche caritative
  • une institution qui demande une efficacité immédiate, un engagement à opérer un changement dans un temps/espace défini par l’institution en termes de rationnalité et de cognition ne permet pas de créativité ou de curiosité et mêne à une approche comportementale
  • une institution chronophage, envahissante, qui soumet le rythme personnel au rythme institutionnel induira un investissement non adéquat du thérapeute (attitudes de protection) : soit excessif (cf burn-out)du thérapeute et une approche fusionnelle avec le consultant (association dans le malheur), avec le danger de soutenir la chronicité des thérapies, soit insuffisant (désinvestissement) en fonctionnant seulement par automatismes (cf les protocoles), l’échec de la thérapie étant alors à imputer au patient.

Ces trois niveaux opèrent chez le thérapeute de façon plus ou moins consciente. Comment développer cette connaissance de soi, à ces trois niveaux ? Le développement des compétences au contact des lectures, de l’équipe, de collègues, de superviseurs ou via des formations ne le permettent pas.

Ce développement exige une position relation d’organisation apprenante réciproque / retour du patient informe le thérapeute sur effet de sa position

outil vse car cible l’experience de terrain

VSE comme outil pédagogique travaille à ces trois niveaux :

  • la capacité de lire "le relationnel", l’inter-relationnel, y compris l’intra-psychique : la résonance
  • la capacité de lire "le systémique" : ce qui appartient aux modèles dans le fonctionnement
  • la capacité de lire l’écho culturel : la représentation de ce qui est vécu ensemble sur le plan culturel et anthropologique (triangulation)