LA FOLIE D’AMOUR D’ADÈLE H
Par Emile Meurice•
Adèle Hugo fut le quatrième enfant vivant, et la deuxième fille, de Victor Hugo. Cette belle et intelligente jeune fille développa vers l’âge de 25 ans des signes discrets de maladie mentale qui devinrent évidents vers 33 ans quand elle s’enfuit du foyer familial. Elle voulait rejoindre au Canada, pour l’épouser, un officier anglais dont elle s’était éprise mais qui ne lui accordait pas d’attention, sinon pour lui soutirer de l’argent. Elle le suivit et l’importuna pendant de nombreuses années au cours desquelles son état mental se dégrada au point qu’à l’âge de 42 ans on dut la ramener en France où elle resta internée jusqu’à sa mort à 85 ans.
Cette histoire tragique et romanesque est un sujet intéressant à de nombreux titres. La partie la plus romanesque a fait le sujet d’un film à grand succès où Isabelle Adjani incarnait l’héroïne de façon remarquable.
Mais on aurait tort de se limiter à cet aspect romantique, si prenant soit-il. Le cas de cette jeune femme est en effet intéressant à bien d’autres points de vue.
Pour tous ceux, et ils sont nombreux, qui s’intéressent à Victor Hugo, on signalera tout d’abord que sa fille Adèle a tenu quotidiennement, pendant une grande partie de la période de l’exil anglo-normand, un journal qui résumait les événements marquants de la journée. On en a publié jusqu’ici, et assez récemment, quatre volumes qui totalisent environ deux mille pages. Ils éclairent, de façon confidentielle, et parfois surprenante, le cheminement des pensées de Hugo sur de nombreuses questions telles qu’elles se posaient lors des premiers développements d’une nouvelle société à laquelle nous devons beaucoup. Mais tel n’est pas, ici, notre sujet qui est plutôt psychologique.
A ce point de vue, on sera sensible aux problèmes que pose pour un enfant, pour une jeune fille, le fait d’être la fille d’un homme extrêmement…