Suite du résumé du livre de Laurent Morasz, en complément du travail effectué par Catherine Bertrand et Virginie Deschamps
PARTIE 3 : Prendre en charge la souffrance
8. Initier un travail de liaison psychique
1.La liaison au bénéfice des patients
Les malades confrontés à une faillite provisoire de leur capacité propre de contenance psychique doivent être aidés dans l’interprétation, la verbalisation et la mise en représentation des conflits qui les assaillent. Ceci afin qu’ils ne continuent plus à se déployer sur la scène transitionnelle (que représente l’espace de soin) afin de rechercher un hypothétique apaisement.
Ce travail de liaison psychique réintroduit le malade dans l’espace médical en tant que sujet.
Cette démarche est ou peut être réalisée par de nombreux soignants, mais elle repose souvent sur un empirisme qu’il convient d’élaborer.
Le plus important étant que le patient puisse être abordé à l’endroit où il se trouve à partir des liens soignants qu’il aura tissé avec tels ou tels soignants.
Quoiqu’il arrive il faut pour le patient que s’ouvre un espace et une activité psychothérapeutiques. C’est à ce prix qu’il pourra durablement retrouver un apaisement psychique ou physique.
L’activité de liaison ainsi engagée amorcera même parfois une démarche psychothérapeutique qui se précisera après l’hospitalisation.
Afin d’illustrer une telle démarche, l’auteur propose l’exemple de Sophie :
Sophie est ce que l’on peut appeler une patiente « assidue ». Durant 30 ans elle est soignée dans le même CHU. Elle est ainsi passée dans la majorité des services pour y subir entre autre 18 opérations, entrecoupées de passages aux urgences pour des douleurs, des chutes, des malaises en tous genres. Un soir, elle se retrouve une fois de plus à l’accueil. Elle est « tombée dans les pommes » lors d’une soirée professionnelle et a perdu connaissance. Le CHU étant bondé, elle est transférée à l’hôpital général voisin pour « surveillance ».
Un des médecins qui la reçoit est frappé par le parcours médico-chirurgical qui lui paraît totalement fou.
Dans le dossier la patiente est décrite comme « sympathique » et « n’ayant vraiment pas de chance avec la médecine ces dernières années ». Le médecin s’étonne de la compassion dont les soignants…