De l’attachement à la coopération dans une perspective darwinienne
Le concept d’attachement tel qu’il a été défini et opérationnalisé par Bowlby(1969,1978), marque une étape cruciale dans le développement des approches cliniques.
Le cadre théorique dans lequel ce concept s’est développé nous apparaît comme une tentative sérieuse et bienvenue d’enraciner profondément la clinique dans une perspective évolutionniste au sens darwinien du terme.
Force est cependant de constater que les psychologues qui, avec la complicité de Bowlby, ont approfondi et poursuivi ses travaux, l’ont fait dans une perspective plus développementaliste qu’évolutionniste.
Comme le livre de Pierre-Humbert (2003) en donne un excellent panorama, plusieurs études ont cherché à démontrer que les conduites d’attachement, telles qu’on peut les observer par le biais de la situation étrange , mise au point par la disciple et collaboratrice de Bowlby, Mary Ainsworth, ont une capacité de prédiction du développement de l’enfant.
Les études de Main et Cassidy citées par l’auteur relèvent par exemple une étonnante continuité des comportements d’attachement précoce chez des enfants de six ans qui avaient été observés dans la situation étrange à l’âge d’un an. De nombreux travaux ont étendu la valeur prédictive de la construction de ce même lien d’attachement sur le comportement de l’adulte.
L’enfant intégrerait ce que Bowlby appelle « un modèle interne opérant » qui serait, comme le résume B. Pierre-Humbert (2003, p.257), « composé de deux modèles complémentaires, l’un de la figure d’attachement et l’autre de soi, dans la relation à cette figure.
Ces modèles perdureraient au cours de l’enfance et durant l’âge adulte ; ils permettraient d’interpréter et d’identifier le comportement des partenaires sociaux, de guider les attitudes de l’individu dans les relations et de…