La rencontre se trouve au cœur de nos pratiques. Que ce soit en thérapie ou en intervention, notre objectif est de développer avec le système consulté des modes de fonctionnement plus satisfaisants. Il s’agit donc de s’affilier d’abord à leur mode de fonctionnement, qui est garant de l’équilibre de leur système, puis de développer de nouveaux modes de fonctionnement à partir de nos rencontres successives. Lors de ces rencontres, nos ressentis, perceptions et représentations se croisent avec les leurs, ce qui permet de tisser une nouvelle trame narrative commune.
En nous appuyant sur ce modèle, nous voulons faire de la rencontre un pilier de la formation continue. Nous souhaitons créer un réseau de partage où se développe progressivement un ensemble de connaissances dont les éléments théoriques seraient ancrés dans la pratique, puisqu’ils seraient issus d’une réflexion sur nos méthodes. Les rencontres cliniques, comme celles autour de nos pratiques, combinent les forces de convergence et de différenciation nécessaires pour mettre en œuvre de manière créative l’approche systémique dans le contexte du travail.
Que pose comme difficultés la thérapie de couple ?
D’abord aux thérapeutes :
La complexité émotionnelle à laquelle se confronte le thérapeute de couple lorsqu’il ressent une empathie profonde envers l’une des parties, souvent stimulée par un désir de sauver l’un des partenaires, peut avoir des conséquences significatives sur le processus thérapeutique. Cette dynamique peut entraîner une perte de neutralité, essentielle pour offrir un espace sûr et apaisant où chaque partenaire peut exprimer ses sentiments et préoccupations sans crainte.
Lorsque le thérapeute se laisse emporter par cette dimension empathique, il risque de perdre de vue son rôle fondamental : celui d’un facilitateur qui aide le couple à explorer leurs émotions, leurs motivations et les dynamiques relationnelles sous-jacentes. En adoptant un point de vue trop subjectif, il pourrait négliger l’importance d’une clarification rigoureuse des problèmes, ce qui est crucial pour une compréhension mutuelle et une approche des conflits.
En posant des questions réfléchies et ouvertes, le thérapeute a la capacité de redonner au couple le pouvoir d’agir sur ses propres problèmes. Par exemple, au lieu de se focaliser sur le sauvetage d’un partenaire, le thérapeute pourrait aider chaque individu à prendre conscience de ses propres besoins et motivations, ainsi qu’à reconnaître le rôle que joue chacun dans la relation. Cela pourrait impliquer de demander à chaque partenaire comment il perçoit la situation actuelle et quelles actions il est prêt à entreprendre pour améliorer la dynamique.
Ainsi, la neutralité et l’objectivité du thérapeute ne sont pas simplement des qualités professionnelles, mais des éléments cruciaux qui permettent aux couples non seulement de comprendre la complexité de leurs interactions, mais aussi de renforcer leur autonomie et leur capacité à faire face eux-mêmes à leurs défis relationnels. Ce processus de clarification enrichit non seulement la thérapie, mais également l’expérience de chaque partenaire, favorisant un cheminement vers une relation plus saine et plus équilibrée.
Une autre difficulté à laquelle fait face le thérapeute réside dans sa capacité à identifier et comprendre les dynamiques uniques qui se manifestent au sein de chaque couple. Chaque situation implique non seulement les expériences personnelles de chaque individu, mais aussi la manière dont ces expériences interagissent et se transforment dans le contexte de leur relation. Ainsi, le thérapeute doit apporter une attention particulière aux nuances de la personnalité de chaque partenaire, tout en reconnaissant comment ces traits individuels influencent leur dynamique de couple. Par exemple, un partenaire ayant grandi dans un foyer où l’expression des émotions était réprimée pourrait avoir des difficultés à communiquer ses besoins au sein de la relation, ce qui peut engendrer des malentendus ou des frustrations. En outre, comprendre comment chaque partenaire perçoit son rôle dans le couple ainsi que les attentes socioculturelles qui peuvent peser sur leur relation est essentiel pour guider efficacement le processus thérapeutique. Le thérapeute est donc confronté à la tâche complexe d’explorer à la fois les dimensions personnelles et relationnelles de chaque situation, afin de favoriser une compréhension mutuelle et de proposer des pistes de changement.
Ensuite aux couples :
Les couples en difficulté rencontrent diverses épreuves qui entravent leur capacité à trouver des solutions constructives. Parmi ces défis, la double désignation se manifeste lorsque les partenaires attribuent mutuellement leurs fautes, créant ainsi un climat de tension et un cercle vicieux de reproches. Cette dynamique peut être exacerbée par la désinformation, souvent alimentée par des préjugés ou des conseils inappropriés, qui empêche les partenaires d’accéder à des ressources adéquates pour améliorer leur situation.
De plus, les violences psychologiques et physiques représentent des enjeux majeurs. Les violences psychologiques peuvent inclure des comportements tels que le contrôle excessif, le dénigrement ou la manipulation émotionnelle, qui sapent la confiance et le respect mutuel. Les violences physiques, quant à elles, constituent une menace directe à la sécurité des personnes concernées, créant un environnement où la peur remplace l’amour et la compréhension.
Les problématiques sexuelles, souvent interdépendantes de ces tensions relationnelles, peuvent également engendrer une multitude de difficultés. Des questions, telles que l’incompatibilité sexuelle, le manque de communication sur les désirs et les besoins, ou encore les troubles de la libido peuvent conduire à un éloignement émotionnel et à une détérioration de l’intimité au sein du couple.
Cette situation devient encore plus complexe lorsqu’il y a des enfants impliqués, qui se retrouvent souvent en otages dans ces contextes conflictuels. Leur bien-être mental et émotionnel est primordial. Il convient de réfléchir à la place qu’ils doivent occuper dans cette dynamique tumultueuse. Faut-il les impliquer dans les discussions afin de comprendre leur perspective, ou au contraire, les protéger des tensions adultes pour préserver leur innocence ? Des stratégies d’accompagnement adaptées, comme des séances de médiation familiale, peuvent apporter des solutions pour assurer que les besoins des enfants sont pris en compte, tout en permettant aux parents de travailler sur leurs propres difficultés.
Rencontre autour de la théorie
Rencontre autour des supervisions individuelles avec le thérapeute et son inventivité
« Dans la plupart des situations que nous rencontrons, les personnes se sont embourbées dans ce qu’ils croyaient être la solution à leurs problèmes.Cette impasse à sa cohérence, le symptôme en est une porte de sortie. Cette écoute est complexe en raison de nos résonances personnelles, de notre besoin d’être reconnu et du contexte dans lequel la rencontre s’établit.
Ce séminaire vise à mettre en questionnement nos interactions expérientielles avec des sous-systèmes relationnels sur plusieurs générations pour nous comme pour nos consultants. Il mettra en évidence nos difficultés d’apprentissage réciproques dans le changement de nos représentations.
Comment s’appuyer sur les compétences des systèmes consultants dans leurs ambivalences pour en faire un lieu réciproque d’apprentissage dans un récit commun entre les protagonistes ? Comment ne pas perdre le caractère fluctuant et provisoire dans le respect et les vécus différents de chacun. »