Théorie selon la pratique systémique
La réflexion théorico-clinique est capitale pour le travail thérapeutique. Cependant, les thérapeutes ont souvent une relation complexe avec la théorie. Dans le travail thérapeutique, le matériau clinique apporté par la rencontre et les échanges qui la sous-tendent doivent toujours primer sur toute autre considération. Cela signifie que la théorie doit être utilisée en fonction de la situation spécifique et unique de chaque patient.
Deux approches extrêmes peuvent attirer un thérapeute : s’éloigner complètement de la théorie pour suivre uniquement son intuition, ou bien chercher à tout prix à appliquer des modèles théoriques en adaptant ses interventions aux situations qu’il rencontre.
Ces deux attitudes représentent en fait deux manières de concevoir la théorie.
Dans les deux cas, la théorie est vécue comme un corpus de connaissances externes à soi et on essaye de s’en détacher en s’appuyant sur son "feeling" (première attitude) ou on la met en oeuvre avec un maximum d’application, sans l’enrichir au départ de sa pratique (seconde attitude).
Bien que radicalement opposées, ces deux attitudes répondent en fait à la même finalité : apporter une solution au système consultant, répondre à son urgence de sortir des difficultés ou de la souffrance.
Comment dès lors sortir de cette alternative ?
En poursuivant une autre finalité. Notre finalité ultime n’est pas d’apporter des solutions mais plutôt d’utiliser les ressources des consultants en vue d’effectuer avec eux un cheminement réflexif et émotionnel qui confirmera leurs capacités à reprendre le processus eux-mêmes.
Pour atteindre cet objectif central, le thérapeute doit établir un lien entre les concepts théoriques et les expériences personnelles vécues, leur donnant ainsi une dimension émotionnelle. Ces épreuves suscitent un grand nombre de questions, ce qui augmente à la fois la richesse du dialogue interne du thérapeute et celle de ses échanges avec les consultants. Cela crée un climat favorable au développement de la pensée critique et de la prise en compte des doutes, encourageant les consultants à creuser davantage leurs propres questionnements.
Parallèlement, le thérapeute doit porter une attention particulière sur la mise en évidence de l’individualité propre à chacun des consultants. Cela permettra d’adapter les réflexions et les échanges aux besoins spécifiques et au cheminement personnel de chaque personne.
Ce que le thérapeute produit alors est un dialogue qui interroge simultanément leur expérience et la sienne, dans un esprit de remise en question. Ils remettent ainsi en cause leurs certitudes respectives, tout en cherchant à en trouver de nouvelles perspectives.
Le modèle de la référence à la théorie est donc moins l’encyclopédie sur laquelle on se reporte à la page correspondant à une notion donnée, mais plutôt le palimpseste, c’est-à-dire un texte écrit par le système consultant et le thérapeute, qui effacent partiellement ou totalement ce texte à chaque rencontre pour le réécrire en fonction des particularités de la séance en cours.
Notre proposition ne fait que mettre en évidence un des principes de la seconde cybernétique : l’observateur ou l’acteur ne peut jamais être dissocié de la réalité qu’il observe ou dans laquelle il agit. La théorie n’existe donc qu’à travers sa mise en œuvre par le thérapeute. Elle est construite en collaboration avec les consultants. C’est un récit ouvert qui continuera de se développer.
Une telle attitude nous oblige à repenser en profondeur notre relation avec les articles, les livres et les manuels de psychothérapie. Il ne s’agit pas de les considérer comme des énoncés de vérité à apprendre mais plutôt comme des invitations à la conversation entre l’auteur et le lecteur.
Lire un texte, c’est d’abord le ressentir émotionnellement, en fonction de notre vécu personnel. C’est établir un lien plus ou moins profond avec le texte, c’est le laisser résonner en nous et découvrir où il nous touche. Par conséquent, des concepts théoriques vont se déposer en nous et se diffuser à travers nous lors des séances cliniques.
En fonction des arguments présentés, il nous semble cohérent de proposer que les cliniciens se rencontrent afin de développer leurs références théoriques.
Par conséquent, nous suggérons de former des groupes de lecture. Ces groupes commenceront par analyser les articles de notre site web. Cependant, d’autres lectures pourraient s’ajouter à leur programme. Les discussions seront facilitées par un système d’annotations collaboratives des textes. Chacun aura l’opportunité de partager ses réflexions sur les concepts théoriques abordés et de les relier à ses propres expériences. Nous nommerons ce dispositif « Plaisirs de Lectures Partagées » (PLP).
Modalités pratiques :
Formateur : Jacques Beaujean, Voir "qui sommes-nous ?"
1 Inscription : . Pour vous inscrire au site(au cas vous ne le seriez pas, faites d’abord une inscription sur l’ensemble de la plateforme à l’adresse suivante : https://www.systemique.org/inscription.
2 Pour postuler, veuillez envoyer votre candidature, votre CV et vos aspirations à
jbeaujean@systemique.org, avec comme objet : Groupe de lecture (indispensable)
Un zoom "festif" vous sera proposé(veuillez indiquer les moments préférables pour vous) pour que nous puissions faire connaissance ensemble,
ou si vous avez des difficultés : (Tél. :+32(0)4254 33 69 entre 19 et 21h).
Quand : Pour le groupe de lectures un premier rendez-vous aura lieu le 23/09/2025 de 16h à 18h. ou à un autre moment en fonction de nos échanges
Ces groupes de lecture se feront exclusivement (sauf pour les locaux)en vidéoconférences et s’étaleront dans le temps en fonction du nombre de participants.
Lieu : - soit I.D.R.E.S., 4000 LIÈGE (l’adresse sera communiquée)en présentiel,
- soit vidéoconférence selon les possibilités.
Une évaluation se fera à la fin de chaque séance, une après la première année et en fin de cycle.
