Réseau de Vignettes de savoir d’expérience

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Modèle de vignette à télécharger

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Une vignette, c’est quoi ?

Réaliser une vignette, c’est mettre à la disposition d’autrui, avec une convention de réciprocité implicite, un certain savoir d’expérience.?

Lors de la rédaction de cette vignette, il s’agit de répondre à la question :

"qu’est-ce- que cette situation m’a appris d’intéressant et que je pourrais échanger la famille, le couple ou avec d’autres ?".

Vous pourrez ainsi, quand vous connaîtrez une situation analogue, consulter des vignettes qui traitent des mêmes sujets dans des contextes analogues. C’est un outil que vous vous créez entre vous. Pour vous faciliter la lecture ainsi que la rédaction, nous vous proposons de songer à certains champs en vous donnant un formulaire à prendre chez vous pour le remplir à votre aise avant de nous le renvoyer. Pour le champ "illustration de la situation", vous êtes libres de choisir vos paramètres. Ceux qui vous sont proposés nous paraissent habituels ; mais peut-être, avez-vous d’autres habitudes.....

Comment remplir une vignette ?

Pour être plus concis et plus précis, nous avons limité votre récit à certains champs. C’est un modèle qui n’est pas obligatoire mais, nous le pensons, peut être facilitant. Procéder comme suit :
Rédiger l’illustration de la situation avec la préoccupation d’être utile aux autres(certains détails peuvent alourdir la lecture).
Épurer votre texte de tout ce qui le rendrait reconnaissable, tant pour vous que pour vos « clients/patients » ou votre institution. Prenez des contextes analogues, des prénoms et des villes différentes.
Communiquer votre expérience de la situation en parlant de ce que vous avez appris.

Champ Titre :
choisissez un titre évocateur de votre savoir d’expérience(et non évocateur de la situation) mais pas trop long.

Champ Catégorie :
remplissez le champ catégorie (institutionnel d’équipe ou administratif, expertise ou évaluation, intervention, thérapie) en fonction du contexte de travail. Vous trouverez ces codes en allant sur "proposer une vignette", en bas de la page. Par exemple, une intervention en milieu hospitalier psychiatrique aura le code IOB (I pour intervention, O pour santé mentale, B pour hôpitaux psychiatriques). Vous inscrirez ce code et sa signification dans le champ, comme pour l’exemple donné ci-dessus.

Champ Expérience acquise :
Je décris mon savoir d’expérience en utilisant le "Je" (abusez-en), les explications viendront dans l’illustration de ma situation. ?· Il s’agit de repérer ce que j’ai appris à partir de la situation et qu’il serait intéressant de transmettre à d’autres.?· Il se peut qu’il y ait plusieurs points. Comme il se peut que ce soit des points d’interrogation, des réussites ou des échecs.

Champ Illustration de la situation :
ce champ pourrait comprendre les éléments suivants (ce modèle vous est présenté pour faciliter la mise en ordre de vos données) : ?
1. La demande(voir défintion ) : ?· faits et événements qui ont construit la demande en incluant le réseau personnel, institutionnel ou social.?· Le génogramme du « client/patient », et le cycle de vie dans lequel le problème a lieu.Vous pouvez utiliser Word ou éventuellement Génopro.
2. L’offre : ?· La description du lieu de consultation ou de l’institution.?· Le génogramme du consultant dans la mesure où l’on évoque des résonances.
3. L’isomorphisme. Repérer l’isomorphisme , c’est faire une première analyse de l’ensemble du problème non seulement dans le dit mais aussi dans le non-dit.?· C’est aussi donner des repères sur son propre style d’intervention.

Champ Mots-clés :
établissez les mots-clés tant sur votre savoir d’expérience que sur la situation que vous avez choisis de développer.

Champ Liens :
Il s’agit : ?· soit de renseignements obtenus plus tard sur l’évolution de la situation ?· soit vers une autre catégorie, par exemple passer de l’intervention à la thérapie dans une même situation ?. soit d’une expérience déjà évoquée dans une autre vignette.

Règles de participation et de consultation

Vous pourrez accéder aux vignettes si vous avez déposé au minimum trois vignettes validées. Pour des raisons de confidentialité, votre vignette de savoir d’expérience ne sera pas mise à la disposition des autres avec votre nom d’auteur.?Vous aurez pris soin de changer les noms , les lieux, les professions etc, et tout ce qui d’une manière générale permettrait d’identifier les personnes.?Elle sera validée par trois personnes d’un comité ad hoc et mise sur le site avec le titre et les mots clés afin qu’elle puisse être accessible par d’ autres.
 ?Trois conditions pour consulter les vignettes : ?· Etre tenu par le secret professionnel (en sont exclus les étudiants, les enseignants, les documentalistes, les coachs etc..) ?· Avoir marqué leur accord sur la charte de Idres. Cet accord a été enregistré lors de l’ inscription.?· Avoir déposé trois vignettes validées par le comité de validation.??
Dessoy : Isomorphisme et changement
Les cas repris ci-dessous sont totalement fictifs et ne correspondent à aucune situation de famille ou de couple en particulier.?Toute ressemblance serait purement fortuite.

Exemple de vignette d’évaluation

Vignette de SAVOIR D’ EXPERIENCE
TITRE
De l’altération partagée des liens entre familles et équipe
CATEGORIE
EOA (E pour Expertise O pour Santé Mentale A pour Centre Medico Psychologique)
EXPERIENCES ACQUISES
Cette situation m’a sensibilisé à apporter une attention beaucoup plus grande aux mouvements spontanés de l’équipe lors de la répartition du travail. J’ai découvert qu’il ne fallait pas s’imaginer que seules les considérations de disponibilités horaires ou de compétences spécifiquement porteuses pour l’analyse de la situation à expertiser modulent les décisions. Nous avons décidé en équipe de garder trace de ces mouvements et de les inclure dans l’analyse clinique.Quel que soit le cadre proposé, les consultants arrivent de toute manière à la mettre à mal. Mais c’est la lecture de ces mouvements apportés par les consultants sur le cadre qui permet, avec beaucoup plus de précisions, de percevoir les enjeux du mode de fonctionnement familial.

ILLUSTRATION DE LA SITUATION

CONTEXTE
Demande d’expertise par le Service de Protection de la Jeunesse (Avis-médico-psychologique pour plusieurs enfants)La famille est suivie depuis de nombreuses années par différents services : à l’origine, il y a plainte d’une service d’aide aux familles pour maltraitance des enfants. Depuis, se sont succédés divers intervenants : IMP, SAF, CPAS (guidance budgétaire), COE (relation mère-enfants), SSM (expertise), autre SSM (thérapie), SPJ , ONE. Les quatre enfants présentent chacun des problèmes de santé et/ou des difficultés de développement (retards intellectuels, malformations congénitales, problèmes néo-nataux, troubles instrumentaux...) qui ont mené à la -récente- hypothèse d’une étiologie génétique transmise par la mère, qui a présenté elle-même des troubles de développement et semble atteinte de troubles de la personnalité. Des conflits inter-générationnels sont récurrents et l’ambiance générale au sordide (suspicion d’incestes, d’attouchements, couple à trois, grand-père tyrannique etc....)Dès la première rencontre entre experts et SPJ (clarification de la demande d’expertise) s’est posée la question centrale de la cohérence des interventions des partenaires institutionnels. A l’image de la confusion régnant dans les modalités relationnelles et la structure de la famille, il apparaît qu’il y a eu multiplicité des intervenants sans une structuration des choix dans une optique globale ou concertée d’intervention. Des tiraillements sont observés entre les intervenants institutionnels et les mandats sont parfois outrepassés. Le SPJ se sent « pris dans le brouhaha » et prend l’initiative, suite aux alertes données au sujet des enfants, de recentrer les mesures dans un premier temps (arrêt du mandat COE, limitation du mandat SSM au suivi thérapeutique d’un des enfants, le plus stigmatisé), en attendant les conclusions de cette expertise.Le fonctionnement de la famille et les rapports qu’elle entretient avec les institutions intervenantes incitent implicitement chez les experts, via le chaos apparent, l’envie de mettre de l’ordre, de structurer, de débattre à nouveau des hypothèses diagnostiques, que ce soit aux niveaux individuels (alcoolisme de Mr, maladie dépressive chez Madame, handicaps des enfants...), systémique familial (secrets, maltraitance, suspicions d’abus ou d’inceste, confusions intergénérationnelles, préférences orchestrées.....) ou systémique large (pertinences des institutions choisies ; pertinence des choix thérapeutiques,...), dans l’espoir de définir une ligne d’intervention qui se montrerait efficace.

OFFRE

Les expertises sont traitées par une équipe multidisciplinaire. L’équipe se met d’accord sur la désignation officielle des experts (sur base de critères tels leurs disponibilités respectives, les compétences spécifiques requises, les désirs et souhaits personnels etc....). Cette offre tient compte des facteurs suivants :· Utiliser l’équipe comme source de résonance et de travail de méta-analyse· Proposer un cadre aux consultants (déroulement de l’expertise etc...)
ISOMORPHISME
Dans cette situation, dès la présentation en équipe de la demande, il s’est opéré un phénomène de clivage dans l’équipe, jamais encore observé. Un des experts a annoncé qu’il allait s’occuper de la famille (ce qui signifie ici une quantité de travail qui motive généralement le partage du travail entre plusieurs experts), deux autres experts étant désignés pour une analyse institutionnelle. La règle a toujours été que deux experts au moins travaillent ensemble, même si les entretiens se font parfois seul avec l’un ou l’autre sous-système. L’équipe est donc d’emblée sortie du cadre de fonctionnement avec comme entente non-formulée « chacun sur son terrain, on verra ensuite ». Personne dans le groupe n’a relevé l’écart aux usages.Ce mouvement de clivage et de dérapage se retrouve de façon aisément repérable dans l’histoire de la famille- les institutions intervenantes le sont tour à tour, mandatées pour amorçer un nouveau travail suite à la disqualification des précédentes, sur intervention de la famille- les mandats officiels sont régulièrement détournés : par exemple, un psy désigné pour une thérapie individuelle d’un membre de la famille pratique une thérapie familiale ; la maman organise des thés à domicile avec divers intervenants ; ...- tous les intervenants se sentent confrontés à un sentiment de « chaos » où la mise sur pied d’une structuration concrète des relations est rendue impossible : les membres de la famille donnent un accord en réunion, et font tout autre chose une fois hors de l’institution. Il y a transfert du chaos familial en chaos institutionnel.- l’éclatement du travail thérapeutique : chaque institution travaille avec un sous-système différent ce qui engendre de facto un vécu d’exclusion avec un autre sous-système/institution partenaire. - Du côté de la famille, il y a davantage une recherche d’alliés - ici institutionnels - que d’intervenants. Chaque sous-système familial aura son « défenseur » institutionnel - Il y a conflit intra-familial et inter famille-institution pour savoir qui doit s’occuper des enfants avec l’idée que la compétence inclut l’exclusivité- - Il faut souligner l’apport positif et structurant de la présence des institutions , que ce soit pour soutenir la maman dans ses difficultés personnelles ou aider les enfants à vivre leur développement au moins partiellement hors du système familial trop perturbateur. Ces apports positifs sont trop souvent arrêtés de par la vulnérabilité des institutions aux intrusions familiales.Le mode de fonctionnement de la famille, mode de la toute-puissance, a été immédiatement transféré dans l’équipe : un expert seul va rencontrer la famille et « s’occuper de tout cela » (« faites-moi confiance »), ce qui représente un volume de travail tel que dans n’importe quelle autre expertise, il aurait été partagé entre deux ou trois experts.Le tandem d’experts qui « s’occupe » de la partie institutionnelles revivra ce clivage dans la rédaction du rapport. Le transfert inconscient de ces modalités de toute-puissance (famille-institutions, institutions experts) est prévisible : décisions toute-puissantes des experts (sous forme de recommandations inattaquables) pour le Juge, disqualifié donc de sa fonction de décideur....Un autre isomorphisme n’est pas ressenti à ce stade du travail de l’équipe, mais est annonciateur des futures recommandations : les intervenants hésitent depuis longtemps entre séparation à but thérapeutique (= le placement définitif des enfants en IMP) et travail au niveau des relations parents-enfants, ou travail thérapeutique familial. La décision de l’équipe du mode de travail est un compromis permettant de ne pas dénouer cette question : la séparation des experts pour le travail d’analyse équivaut à la « séparation thérapeutique », le projet de mise en commun des données pour le rapport final est initiateur du futur « travail sur le lien ».Apport direct pour l’expertise : si le rapport parvient à être écrit (deux mois de retard déjà), ce qui implique l’abandon des toute-puissances respectives de l’expert « famille » et du tandem expert « institutions », ce par la mise en commun et la régulation du groupe, la proposition des experts de créer une séparation thérapeutique accompagnée d’un travail de lien a peut-être des chances d’aider la famille......

MOTS CLES

Expertise - Liens - Interventions multiples - Choix thérapeutiques - Filiation - Toute-puissance - Handicap - Equipe

LIENS
Aucun actuellement

Vous trouverez dans ces deux articles des éclairages sur les termes d’isomorphisme et du recadrage :
Isomorphisme et changement d’Etienne Dessoy voir article
Intérêt et place du recadrage en thérapie familiale de Jane Pascal et Dessoy.