S’insérer dans un réseau : une dépendance qui peut favoriser une autonomie

Partager et échanger son savoir d’expérience, notamment par le biais d’un réseau d’échange collaboratif : une dépendance qui peut favoriser une autonomie dans sa pratique professionnelle ?

Plus un système vivant est autonome, plus il est dépendant. Plus il s’enrichit en complexité et entretient par là même des relations multiples avec son environnement, plus il accroît son autonomie en se créant une multiplicité de dépendances. L’autonomie est à la mesure de la dépendance.

Jacques Robin, Changer d’ère, p204

in Autonomie et dépendances par Jean Zin

En quoi le fait de collaborer à un réseau d’échanges permet-il aux thérapeutes de se développer ?

  • la contextualisation via des cadres multiples autorise une "compréhension multiple" (liens supplémentaires, place dans l’élargissement du cadre, modulation du sens via les autres représentations.
  • la transmission : oblige à repenser, trouver où cale l’autre. Le décalage ouvre le système, permet autres pistes. Elle se réalise par le pertage et incite à une responsabilisation (on ne peut bénéficier sans contribuer)
  • contribution à l’altérité : ce que l’autre expérimente nous enrichit. Seul, on ne voit pas ce que l’on a pas compris. On ne voit pas et on ne sait pas ce qu’on ne voit pas. Il est nécessaire de s’exposer à l’autre, ce qui est difficile, qui demande qu’on en prenne le risque. Le sens prend sa place dans l’intersubjectivité.
  • la capitalisation des expériences est une contribution au développement des ressources

Liens WEB :

extraits de Soigner, c’est partager par Martin Winckler

  • Soigner, c’est partager le savoir :Pendant leur formation, pendant toute leur carrière professionnelle et bien après, les soignants acquièrent un savoir inestimable. Ce savoir leur permet d’identifier des souffrances ou de les éviter, de les traiter pour - au mieux - les guérir, au moins les soulager. Ce savoir n’est pas un savoir sacré et jalousement gardé comme l’était celui des sorciers. Il n’y aurait pas de progrès médical si les biologistes, les pathologistes, les praticien(ne)s de terrain gardaient leurs connaissances pour eux. C’est parce que les chercheurs et les soignants de toutes spécialités partagent leurs connaissances et leurs découvertes que le soin peut progresser.
    Garder le savoir pour soi, c’est trahir le soin et choisir le pouvoir - en faisant de son savoir un objet de commerce.
  • Soigner, c’est partager les expériences : Si, comme le disait JP Sartre, chacun de nous est un homme ou une femme fait de tous les autres, qui les vaut tous et que vaut n’importe qui, une soignante, un soignant est fait de tous les soignants. Je n’aurais rien appris de mon métier si tout au long de ma vie je n’avais pas reçu en partage l’expérience d’autres soignantes, d’autres soignants.
    Chaque fois que je me trouve devant un patient, je me souviens des expériences que j’ai reçues - et j’éprouve une grande reconnaissance.
  • Soigner, c’est partager la créativité : Dans le soin, comme dans la vie, la carte n’est pas le territoire. Quand on se lance en terrain inconnu, on a beau être prévenu de la présence de trous et de bosses, on est obligé d’improviser. D’autres ont été lancés sur le territoire avant nous et ils ont inventé des solutions personnelles souvent élégantes à des problèmes imprévus. Nous avons toutes les raisons de les adopter, de les adapter, de les mettre en œuvre au profit des patients spécifiques dont nous avons la confiance, et enfin de les transmettre.
    Soigner, c’est dire le soin
    Je suis médecin et écrivain. À mes yeux, écrire et soigner vont ensemble. Quand je soigne, on me raconte des histoires. Quand j’écris, c’est mon tour de les raconter. Écrire, comme soigner, c’est partager. Et soigner consiste aussi à dire le soin.

Je pense donc je suis, j’échange donc je suis ou alors je suis donc j’échange in Le refus de l’échange.

L’échange = action d’offrir ou de recevoir une chose ou une valeur contre une autre considérée comme lui étant équivalente : donner pour recevoir semble au départ, être le principe de l’échange.

Le refus désigne l’action consistant à ne pas accepter quelque chose qui est offert : c’est toujours se priver de et cela pose la question : pourquoi, en échange de quoi se prive-t-on de l’échange ?

En n’acceptant pas quelque chose qui m’est offert, je perds tout ce que la chose pourrait m’apporter.

Refuser l’échange c’est refuser sa dépendance ? ...donc son autonomie....

Autonomie et dépendance
Par Jacques Carbonnel

L’autonomie se transforme en une valeur sociale qui fait consensus (...) Je me demande si les gens normaux, au lieu de toujours apprendre à êtres libres, autonomes, indépendants ne devraient pas aussi apprendre à se servir des autres.
L’indépendance pousse à vivre seul, puisqu’on peut se passer des autres. Ainsi on prend l’habitude de vivre à côté et non avec, de se passer d’aide, de se suffire comme disent les paysans : Après juxtaposition on en arrive à l’ignorance, à la compétitivité, à la lutte.

Philippe Perrenoud (Genève) : L’autonomie est d’abord une question d’identité, de projet, d’image de soi.